Pourquoi les entreprises peinent à embaucher

Près de la moitié des entreprises estiment être gênées dans leur recrutement par l'existence de barrières à l'embauche

Recruter reste un défi pour les entreprises. L’Insee a interrogé les dirigeants sur les origines de leurs difficultés à embaucher. Principaux obstacles identifiés : l’incertitude économique et la compétence de la main-d’œuvre.

Le nombre de chômeurs baisse*, mais les entreprises peinent toujours à recruter. C’est le paradoxe soulevé par l’Insee dans sa dernière note de conjoncture. Pour l’expliquer, l’Institut a interrogé, pour la première fois, les dirigeants d’entreprise sur les principales barrières à l’embauche selon eux. « Depuis le début de l’année 2016, la solide reprise de l’emploi dans les secteurs marchands non-agricoles s’est accompagnée d’une légère augmentation des difficultés rencontrées par les entreprises » pour embaucher, affirme l’Insee. En avril 2017, 31 % des entreprises de l’industrie, des services et de l’industrie du bâtiment reconnaissaient ainsi avoir du mal à recruter (+5 points en un an).

La tension est telle qu’elle commence à se faire ressentir sur l’activité même des sociétés : la proportion des entreprises contraintes à restreindre leur production faute de salariés en nombre suffisant  « a dépassé à nouveau 10 %, à son niveau le plus haut depuis octobre 2008 ».

 

De la difficulté de trouver du personnel compétent

D’où viennent ces difficultés de recrutement ? Pour le savoir, l’Insee a interrogé environ 10 000 entreprises depuis janvier 2017. Un peu moins de la moitié (47 %) reconnaissent l’existence de « barrières qui les empêchent d’embaucher davantage de travailleurs en CDI ou en CDD de longue durée ». Dans le seul secteur du bâtiment, ce chiffre monte à 73 %.

 

Types de barrières à l’embauche perçues par les entreprises françaises en avril 2017

Première source de blocage identifiée par 28 % des entreprises (et même 54 % de celles œuvrant dans le bâtiment), « l’incertitude liée à la situation économique ». Autre source de blocage à l’embauche : « l’indisponibilité d’une main-d’œuvre compétente », pour 27 % des entreprises interrogées. Cette difficulté à trouver du personnel qualifié apparaît d’ailleurs comme un handicap majeur : 45 % des entreprises touchées par cette problématique disent leur activité bridée.

Coûts et code du travail, des freins à l’embauche pas si évidents

Enfin, l’étude de l’Insee semble relativiser le poids que représentent, pour les entreprises, les coûts de l’emploi et de la réglementation du marché du travail. Les premiers sont effectivement cités comme un frein par 23 % du panel (18 % se plaignent en particulier de cotisations sociales trop élevées), la seconde par 18 %. Ces deux éléments sont pourtant au cœur du premier chantier économique du nouveau gouvernement : la réforme du code du travail.

*Selon les derniers chiffres de l’Insee, la France a enregistré un taux de chômage de 10,1 % en 2016, en baisse de 0,3 point sur un an.

Aide à l’embauche pour les PME : fin du dispositif le 30 juin

Les petites et moyennes entreprises n’ont plus que quelques jours pour profiter du dispositif « Embauche PME ». Cette prime au recrutement avait été lancée en janvier 2016. Elle prendra fin le 30 juin 2017.

Le coût du travail n’est, certes, pas l’un des freins prioritaires mis en avant par l’enquête de l’Insee. Il n’empêche, la prime « Embauche PME » permet de l’alléger un peu… à condition de recruter avant la fin du mois.

Cette aide de l’Etat permet en effet aux entreprises de moins de 250 salariés de toucher une prime trimestrielle de 500 euros, pour toute embauche réalisée entre le 18 janvier 2016 et le 30 juin 2017. La personne engagée doit l’être en CDI, en CDD ou contrat de professionnalisation de plus de six mois. La requalification d’un contrat à durée déterminée en CDI entre également dans le champ d’application de la mesure.

La prime sera ensuite versée pendant les deux premières années du contrat. Plus d’information sur le site du dispositif Embauche PME.

 

Le Journal des Entreprises – Pierrick Lieben – 22 Juin 2017